Rétrospective, vue de l’intérieur, des concerts de Social Dance et Pierre Hugues José du 10 juin 2023.                                                                                            

« … Le bénévole est celui qui s’engage de son plein gré d’une manière désintéressée dans une action organisée au service de la communauté. Les bénévoles offrent une aide mutuelle, des services, à titre personnel ou au sein d’une association dans un esprit de partenariat et de fraternité. Les bénévoles visent aussi à faire du volontariat un acte d’épanouissement personnel, d’acquisition de connaissances et de compétences, d’amplification des capacités, en favorisant l’initiative et la créativité, en permettant à chacun d’être plus acteur qu’usager et consommateur. »
Extrait Déclaration universelle sur le volontariat, IAVE; Paris 1990.

Partant de ce postulat, un groupe de bénévoles de l’Astrolabe (5 filles et 2 garçons) a entrepris d’organiser de A à Z un concert, avec le soutien de l’association Antirouille et des salariés de le SMAC. Ce groupe s’activera sous le nom de Team Burton.
Lorsque le projet est pour la première fois présenté sous la forme d’une note d’intention au président de l’Antirouille à l’occasion du festival Hop Pop Hop en septembre 2022, les intentions sont multiples, et vont même au-delà de l’organisation d’un concert par des bénévoles pour les bénévoles. Il interroge sur le statut du bénévole. 

Concernant l’évènement en lui-même, les lignes directrices sont claires :

– Organiser une soirée festive gratuite pour les bénévoles en ouvrant la jauge restante au public.
– Fédérer et impliquer les bénévoles dans des missions et des responsabilités différentes.
– Pérenniser le projet en passant le témoin à une autre team chaque année.

Une première réunion est organisée fin septembre. D’autres, régulières, auront lieu jusqu’en mai.   L’ordre du jour est aussi épais qu’un dictionnaire. Il faut clarifier nos attendus, canaliser nos envies, cerner nos objectifs, distribuer les rôles. Et tout cela de façon collégiale et démocratique. Des binômes avec les différents salariés sont créés en fonctions des envies des uns et des autres (programmation, production/contrats, technique, régie de production, communication, relation avec les bénévoles). Il est primordial pour la team que chacun voie l’envers du décor et soit confrontés aux problèmes, aux contraintes de chaque poste. Un planning est déjà élaboré pour être prêt pour le 10 juin 2023.

A l’issue de ce riche brainstorming, l’équipe a bien débroussaillé le terrain mais décide de se revoir régulièrement « physiquement » pour faire des points et des ajustements en fonction des évènements. Un lien Whats app est aussi mis en place pour la communication interne.

La team Burton part sur une soirée dans la grande salle, avec trois groupes dont la tête d’affiche serait le groupe de rock suédois Royal Republic.

Après une première réunion dans la foulée du festival avec le Président de l’Antirouille qui soutient l’initiative, le feu vert est donné à la team Burton pour commencer à construire son projet. La tâche s’annonce énorme mais toute l’équipe est ultra motivée pour faire aboutir le projet.

Bien entendu, beaucoup de choses ne se dérouleront pas comme prévu ! Mais n’est ce pas comme ça qu’on apprend ?

Toujours est-il que l’équipe va être confrontée à des problématiques qu’elle n’avait pas vraiment mesurées, emportée certainement par une énergie, une envie d’avancer débordante.

La team Burton avance vite sur beaucoup de fronts, trop vite, et se retrouve en décalage temporel avec l’équipe de l’Astrolabe. L’équipe de bénévoles a chiffré le coût de la future soirée mais ignore si cela peut passer financièrement, car n’oublions pas que ce projet baptisé « hors série » fait partie intégrante de la programmation de l’Astrolabe qui en supporte le coût.   

Une réunion budget et la validation des binômes de travail avec l’équipe de l’Astrolabe sont donc nécessaires, mais tout cela tarde à venir et le temps tourne. Nous sommes déjà en 2023, à moins de six mois de l’échéance. Rien n’est acquis, rien n’est signé, rien n’est entériné. Aucune communication  n’est donc possible, ni avec les médias, ni avec les autres bénévoles dont la team Burton attend un engagement et une implication dans ce projet. 

Prise de conscience et mobilisation

Fin janvier, nous arrivons enfin tous à nous accorder. La réunion budget nous ouvre les yeux sur le volet financier de notre travail et va nous inciter à recadrer notre projet à ce niveau. Nous réalisons qu’il nous faut résoudre une équation mettant en lien le prix des places, la salle choisie, le personnel de sécurité nécessaire et le coût artistique avec une inconnue : le nombre de spectateurs qui achètera sa place.    

Nous prenons conscience de tous ces paramètres et décidons, à une exception près dans notre groupe, de partir sur un format petite salle et deux groupes. La team Burton naviguera désormais à 6 au lieu de 7, bien décidés à aller jusqu’au bout et à accueillir Pierre Hugues José (rap/Vesoul) et Social Dance (pop/rock de Marseille).

Dès lors, chacun à son poste et avec son binôme œuvre pour la réussite du projet : négociation des cachets, validation des dates et contrats, stratégie de communication presse et réseaux sociaux, étude des « hospitality et technical riders » de chaque artiste…

De plus, nous avons décidé, pour ceux qui le pourront, de nous déplacer jusqu’à Massy, au Paul B, pour y voir jouer et rencontrer Social Dance au mois de mai, un mois tout juste avant notre échéance. 

En Février, il est grand temps de nous rapprocher des bénévoles de l’Astrolabe pour, à la fois les informer, les inviter à cette soirée du 10 juin 2023, mais aussi pour leur proposer d’y participer activement s’ils le souhaitent. La date n’est pas idéale car en toute fin de saison et avec la probabilité d’avoir d’autres spectacles sur l’agglomération orléanaise en même temps. Mais les artistes n’avaient que cette date libre en commun…  

Nous proposons, en dehors des postes habituels que sont le bar, les adhésions, le vestiaire ou le catering, des postes créés pour l’occasion.

Ainsi, des bénévoles vont pouvoir former une team journalistes afin de préparer des interviews des artistes. D’autres distribueront des tracts destinés à attirer de nouveaux bénévoles.

Concernant le moment du changement de plateau, une autre team de bénévoles volontaires se chargeront d’animer un quizz musical décalé pour le public avec de nombreux lots à gagner.

Enfin, cerise sur le gâteau, deux bénévoles se proposent de mixer pendant près d’une heure trente après le concert.

Enfin, nous sommes tombés d’accord pour offrir aux artistes des T shirts collectors à leur effigie et nous mettons sur le coup Charlotte Joriot qui est mangaka.

A l’approche du concert, nous consacrons quelques demi-journées pour déposer des affiches chez les commerçants orléanais et dans le même temps, nous prenons contact avec la presse et les médias pour décrocher des annonces et articles.

Tout est désormais calé, il n’y a plus qu’à … !

Effervescence et stress

Dès 14 heures, nous sommes tous sur le pont et très excités. Nous savons que le club ne sera pas plein malgré tout le tractage et la communication que nous avons entrepris. D’autres spectacles ont lieu sur Orléans mais nous espérons des spectateurs qui se décideront au dernier moment. La météo brûlante de ce début juin promet de transformer le club en véritable sauna et peut-être dissuader certains de venir s’enfermer. Peut-être avons-nous loupé quelque chose dans notre organisation, mais l’essentiel n’est pas là. Nous y sommes et nous l’avons fait tous les six.

Nous nous retrouvons dans les bureaux derrière la scène du club. Nous checkons une dernière fois le déroulé de l’animation interplateau avec les animateurs bénévoles. Pour le reste, chacun selon son poste veillera au bon déroulement de la soirée et surtout profitera au maximum. 

Pierre Hugues José débarque avec sa Délicieuse. Nous sommes heureux de le revoir après son premier set au festival Hop Pop Hop l’année précédente. Henry et Marie-Lou et commencent par interviewer les Marseillais de Social Dance dans leur loge. Des questions décalées succèdent à des questions sur leur travail. Après ses balances, ce sera au tour de PHJ de passer sous le feu des questions de nos journaliste d’un jour. Nous profitons des interviews pour leur offrir leurs T Shirt. 

Les artistes sont adorables et prennent leurs marques. Chacun à son poste et dans son rôle distille les informations nécessaires sans être lourd ou trop intrusif. L’après-midi passe très vite et nous vivons des moments privilégiés de l’autre côté du miroir. Au moment du catering, nous accueillons les bénévoles qui mixeront ou ceux animeront la petite demi-heure d’interplateau. 

Quand PHJ débarque sur la scène du club à 21 heures dans une chaleur étouffante, je réalise enfin tout le travail que nous avons fourni pour en arriver à ce moment, cet aboutissement. Tout en me trémoussant devant la scène, je pense à toutes les personnes qui assistent au concert et j’espère qu’il passe une soirée festive et conviviale comme nous étions 6 à le souhaiter. J’espère aussi qu’aux yeux de tous ceux qui nous ont fait confiance, nous avons été à la hauteur. 

DJ Barouch, Moun et Léopold s’emparent du club et déroulent un blind test décalé. L’idée est de faire découvrir aux spectateurs des titres joués alternativement au kazou ou passés à la mauvaise vitesse sur la platine. C’est également l’occasion pour mettre en valeur le rôle des bénévoles et d’en attirer de nouveaux.

Lorsque Social Dance déboule sur scène, la chaleur ambiante n’est pas retombée, ce qui n’empêche pas les marseillais de livrer un set réjouissant et bondissant au cordeau.  

Ce soir, je n’ai économisé ni mes efforts, ni mon corps de boomer et peu importe s’il me faudra prendre rendez-vous chez l’ostéo… Au moment de quitter l’Astrolabe au petit matin, bien rincé, je me sens prêt à transmettre notre expérience à une nouvelle team afin de voguer vers un second épisode  des concerts « hors série ».