Sans artifices, Scoop et J.keuz soignent un rap singulier qui marque dès la première écoute.
Après plusieurs années de projets communs dans différents collectifs, le beatmaker et le MC s’associent définitivement en 2012 en tant que duo, pour défendre un univers propre et longuement mûri, se jouant de l’ultra-mégalomanie du rap « égotrip », tout autant que de l’anti-musicalité faussement modeste du rap « conscient ».
S&J, c’est un son pas toujours facile d’accès. Un verbe acéré pour un flow complètement atypique. Une tendance à briser les codes du « bien écrit » rapologique, tout en en affirmant une parfaite maîtrise, avec des textes qui mettent un poin(g) d’honneur à piquer là où ça démange. Cet enivrant voyage dans les mots, registres et niveaux de langue d’un côté, et les gestes de l’autre, s’appuie sur du très lourd côté productions, tantôt sobres, tantôt intenses, truffées d’influences diverses, lorgnant entre old school et modernité.
Désaffiliés des codes de représentation géographique, des facilités et de la malhonnêteté intellectuelle ambiante dans la catégorie *musiques urbaines*, S&J conçoivent une « autre manière de faire du rap ». Et si leur réputation scénique n’est plus vraiment à faire, eux maintiennent que si, toujours.