Un monologue, c’est lorsqu’on parle tout seul à l’adresse de quelqu’un. Un soliloque, c’est lorsqu’on se parle à soi-même. Visiblement, Lou Doillon avait beaucoup de choses à se dire, mais par chance elle a aussi voulu les partager avec nous, les mettre en musique, les jeter en pâture à certains des producteurs français les plus audacieux et franchir une nouvelle étape dans une carrière de chanteuse qui ne cesse d’étonner. Après l’inaugural Places en 2012, confié aux soins d’Etienne Daho, puis Lay Low trois ans plus tard, où elle déménageait son petit monde sensible chez le Canadien Taylor Kirk (Timber Timbre), voici donc Soliloquy, troisième album d’une auteure/compositrice qui n’aime rien tant que bousculer ses habitudes, fuir le confort, remettre en jeu ses trophées chèrement acquis.

La musique est un passeport des possibles. Elle accompagne nos voyages, les habille ou parfois même les permet : lorsque nos pieds sont prisonniers l’esprit ne peut être captif. Geysir, duo analogique évoque toutes les facettes possibles des déplacements. Les souvenirs crées à la découverte de l’inconnu comme les transits forcés ou les exils à la recherche d’un autrement.

« Malsamaj » le titre de cet album trace ce point, la traduction littérale étant « différent » en espéranto. Dans ce choix tout sauf anodin, ils explicitent les intentions. La terre comme point de départ (Tero), et l’illustration des parcours de vie aussi variés soient-ils. Des traversées parfois mouvementées, l’exil migratoire à la recherche d’espoir.